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Carnets berbères et nord-africains
Carnets berbères et nord-africains
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28 décembre 2007

Anciens combattants marocains, construction d’une nouvelle catégorie de migrants

par Djemila Zeneidi-Henry | publié en ligne le 9 juin 2006

Djemila Zeneidi-Henry  :  Post doctorante en géographie, Laboratoire MITI, CNRS UMR 6588, MSHA Bordeaux, Esplanade des Antilles, 33405 Talence Cedex. zeneidi.henry@wanadoo.fr

Sommaire

    De Monte Cassino à Bordeaux
  Prise en charge sociale et construction d’une catégorie 
  Une expérience migratoire inédite 
  Conclusion 


Texte intégral

Goumiers, spahis, tabors, tirailleurs marocains, les anciens de l’armée d’Afrique affluent depuis 1994 à Bordeaux. La ville qui abrite le tribunal des pensions militaires en a reçu plus de 1 200 en sept ans, et ne cesse d’en recevoir. La question n’est pas traitée politiquement mais socialement. Ce sont les lois sociales françaises leur permettant de bénéficier des minima sociaux qui ont provoqué le départ de ces hommes âgés de plus de 70 ans. Cette nouvelle figure d’immigré du troisième âge contraste fortement avec celle du migrant jeune travailleur, image toutefois largement rudoyée par la crise économique (Sayad, 1979). Si cette migration demeure réduite, marginale, elle a pourtant l’intérêt de faire écho à une autre situation souvent oubliée, celle des immigrés de la première génération vivant leur vieillesse dans l’isolement et la précarité. À travers l’analyse du problème posé par la présence des anciens combattants marocains, la question du migrant devient une question de gérontologie.

L’inscription institutionnelle des anciens combattants marocains au sein de la catégorie de l’immigration vieillissante s’est faite progressivement. Cette population a tout d’abord constitué une sorte d’événement socio-spatial à Bordeaux. Le questionnement est apparu à partir du constat de leur visibilité dans l’espace public et dans le dispositif local de droit commun destiné aux « sans domicile fixe ». Qui sont ces vieillards évoluant en groupe, cahin-caha, arpentant les rues de Bordeaux avec des sacs en plastique ? Un nouveau type de SDF (Sans Domicile Fixe) ? Ce sont les institutions à travers différentes prises en charge sociale de ce groupe qui vont contribuer à élaborer une catégorie spécifique dont la définition aboutira paradoxalement à son invisibilité. L’objet de cet article est d’analyser cette expérience migratoire singulière et de retracer les étapes de la construction de cette nouvelle catégorie de migrants1.

De Monte Cassino à Bordeaux

Ces centaines de vétérans qui prennent la route de l’exil aujourd’hui ont servi les troupes coloniales françaises pour des durées d’engagement allant de deux à vingt ans. Les colonies ont été assez tardivement considérées comme des réserves de soldats. La peur d’armer l’indigène a été largement surmontée à partir de la Première Guerre mondiale. Entre 1918 et 1939, un soldat sur quatre est originaire des colonies (Binoche-Guedra, 1992 : 265). Le Maroc comme l’Algérie, la Tunisie et le Sénégal a fourni en masse des hommes utilisés en première ligne pour épargner le sang français. La France a recruté 37 000 militaires marocains pendant la guerre de 1914-18 (Binoche-Guedra, 1992 : 165) et 35 600 pendant celle de 1939-45 (Recham, 1996 : 65). Parfois enrôlés de force, des milliers de Nord-Africains ont participé à la libération de la France sous les ordres des généraux Leclerc et de Lattre après que d’autres aient servi de chair à canon dans les campagnes antérieures de l’armée de la France Libre. Ainsi les tabors marocains participèrent avec succès en août 1943 à la campagne d’Italie, où la quatrième division marocaine de montagne contribua à la prise de l’emblématique Monte Cassino (Martel, 1994 : 199). Ils furent également mobilisés lors des guerres coloniales en Indochine et en Algérie et certains d’entre eux furent mêlés aux massacres coloniaux (Benot, 1994). À l’égard des anciens combattants issus de ses colonies, la France a adopté une attitude ambiguë. Elle a reconnu leur contribution à son histoire, contrairement au Royaume-Uni qui a supprimé toute pension aux soldats de l’ancien Empire. Toutefois au moment de la décolonisation, elle a reconsidéré sa dette vis à vis des anciens combattants en adoptant sur une proposition du général De Gaulle, la loi de cristallisation des pensions, loi instituant une inégalité qui perdure encore aujourd’hui.

Le 26 décembre 1959, le Parlement a approuvé la loi de finances pour 1960. Sans obstacles, la décision a été prise qu’à partir du premier janvier 1961, « les pensions, les rentes, ou allocations viagères dont sont titulaires les nationaux des pays ou territoires ayant appartenu à l’Union Française ou à la Communauté ou ayant été placés, sous le protectorat ou la tutelle de la France, seront remplacés pendant la durée normale de leur jouissance personnelle par des indemnités annuelles en francs, calculées sur la base des tarifs en vigueur pour les dites pensions ou allocations à la date de leur transformation » (article 71 de la loi de finance de 1960)2. Pour les pays déjà indépendants, la loi prenait effet aussitôt et les montants des sommes versées étaient « cristallisés », bloqués au niveau atteint à la date de l’indépendance de leur pays. Aujourd’hui cela signifie par exemple pour les anciens combattants marocains ou tunisiens ayant servi quinze ans dans l’armée, une retraite ne dépassant pas 400 francs alors que pour un ancien combattant français, elle est de 2 500 francs. La pension d’invalidité à 100 % est en France de 4081 francs par mois tandis qu’un Marocain ou un Tunisien perçoit 500 francs (Dewitte, 1999 : 9). C’est cette inégalité qui est à l’origine de la présence des anciens combattants marocains à Bordeaux. À la fin de leur vie, ces hommes sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à venir sur le sol français pour obtenir par d’autres moyens ce qu’ils n’ont pu avoir chez eux, la revalorisation de leur pension militaire.

Les premières arrivées datent du début des années quatre-vingt-dix. Il ne s’agissait à l’époque que de quelques cas isolés vite absorbés par les services sociaux de Bordeaux et sans retentissement médiatique, mais qui inaugurent un mouvement qui a déjà entraîné plus de 1 200 anciens combattants marocains. Ils sont aujourd’hui 9 000 encore en vie au Maroc qui peuvent prétendre eux aussi à ces nouvelles ressources s’ils arrivent à obtenir un visa pour la France.

Pourquoi le mouvement ne s’amorce-t-il qu’au début des années quatre-vingt-dix ? Deux décisions législatives expliquent son déclenchement. Une disposition contenue dans les lois Pasqua (1986) stipule que les soldats des anciennes colonies ayant combattu sous le drapeau français auraient désormais droit à une carte de séjour en France, ce qui facilite leur venue. L’instauration du revenu minimum d’insertion (RMI) par le gouvernement Rocard en 1988, prévoyant une allocation de 2 450 francs pour les personnes en situation de précarité leur donne accès à des ressources inespérées.

L’information est tout d’abord véhiculée par les immigrés qui rentrent au pays l’été puis très vite grâce à l’efficacité du bouche à oreille, elle gagne du terrain. Les premiers anciens combattants oublient leur âge avancé et prennent la route de la France. Le nombre d’arrivées avant 1994 est assez réduit, de l’ordre d’une trentaine par an. Puis le phénomène s’accélère et devient plus régulier grâce notamment au travail de divulgation de nouvelles possibilités de ressources offertes en France, par une association d’anciens combattants basée à Kenitra. Le travail de cette association a une forte incidence sur le nombre d’arrivées à tel point qu’un rapport de réunion de la DDASS (Direction départementale de l’action sanitaire et sociale) le situe comme étant à l’origine de la consolidation des flux d’anciens combattants marocains vers Bordeaux3. L’action de cette association aura également un effet d’homogénéisation des origines géographiques des migrants. La plupart d’entre eux proviennent de la région de Fez et de Khemiset, zone d’implantation de l’association.

À partir de 1996, les flux prennent un caractère régulier et continu. En septembre 1996, les services de la DDASS qualifient l’arrivée des anciens combattants de massive4. Le terme peut apparaître un peu fort alors que l’on compte cette année là 15 à 20 arrivées par mois avec un pic de 64 en septembre, mais, pour les services sociaux, les difficultés sont réelles. A partir de la fin de l’année 1996 les restrictions apportées par le gouvernement Juppé à la délivrance des visas se traduit par un ralentissement significatif des arrivées. Les anciens combattants doivent désormais se conformer aux procédures communes, avec notamment la présentation d’un certificat d’hébergement. Mais cette disposition est contournée par ceux qui transitent par d’autres pays de l’espace Schengen. Une fois arrivés à Bordeaux, les services sociaux sont dans l’obligation de les prendre en charge.

A la fin de l’année 1999, les archives de l’Office national des anciens combattants, et du service d’attribution de la carte d’ancien combattant sont transférés de Bordeaux à Caen. Les autorités concernées invoquent comme raison de cette décision une réorganisation des services, mais l’espoir de dissuader les anciens combattants marocains de venir à Bordeaux semble avoir joué un rôle dans cette décision qui, dans un premier temps a pour effet de retarder l’instruction des dossiers. Pourtant les anciens combattants continuent d’affluer. Il semblerait que rien n’arrête véritablement ces hommes issus du milieu rural, ces paysans pauvres, qui saisissent à leurs risques et périls cette possibilité qui s’offre à eux d’assurer de meilleurs conditions de vie à leurs descendants fortement touchés par le chômage.

En 1998, la mise en place du Fonds national de solidarité destiné à assurer des ressources minimales aux exclus de plus de 65 ans (60 ans en cas d’incapacité à travailler) vient renforcer le mouvement. En effet les anciens combattants peuvent bénéficier d’une aide nettement plus importante que le RMI, l’allocation vieillesse dont le montant est de 3 540 francs, ce qui correspond à un salaire d’universitaire au Maroc. Mais, alors que le RMI permettait des allers-retours fréquents et de courts séjours en France avec la tolérance des services sociaux, le bénéfice de l’allocation vieillesse impose des contraintes aux anciens combattants puisque leur présence est soumise à un plus grand contrôle de la part de la Caisse des dépôts et des consignations, gestionnaire des dossiers. L’obligation de résider sur le territoire français neuf mois sur douze les consacre véritablement comme des immigrés.

Ces nouvelles possibilités de ressources ont contribué à maintenir en France la population déjà présente et à renforcer le nombre des nouvelles arrivées. Dès le mois de mai 1999 le nombre d’arrivants est relativement important : 89 pour les mois de juillet, août, septembre. Entre octobre 2000 et mai 2001 on dénombre 122 arrivées, la période d’octobre à décembre 2000 totalisant le maximum avec 69 arrivées. Depuis janvier 2001, le phénomène se poursuit à raison de quinze à vingt personnes par mois.

Les autorités françaises préfèrent « bricoler » avec ces flux plutôt que de procéder à un déblocage de la cristallisation des pensions, estimée trop coûteuse (on a évalué que la décristallisation des pensions coûterait plus d’un milliard (source de cette évaluation ?). Pourtant le tribunal administratif de Poitiers, saisi par des anciens combattants, en a appelé au Conseil d’Etat. Le Commissaire du gouvernement avait proposé de suivre la décision en faveur de la décristallisation rendue par le Comité des droits de l’homme de l’ONU. Celui-ci avait condamné l’attitude de la France, jugée contraire aux principes de la Convention de New York que ce pays avait ratifiée en 1980. Le critère de nationalité invoqué pour cristalliser les pensions contredit le principe d’égalité. Malgré l’avis favorable du Commissaire du gouvernement, le Conseil d’État a rejeté cette requête de ces anciens combattants. D’autres vétérans ont réclamé la nationalité française auprès des tribunaux de grande instance, mais la Cour d’appel de Paris a précisé qu’ils avaient définitivement perdu cette nationalité, en se référant à la loi Méhaignerie de 1993. La seule réponse que les anciens combattants marocains ont obtenue à leur demande de revalorisation de leurs pensions a été une augmentation de quelques points de leur pension militaire, 12 francs de plus par mois, ce qui mis en balance avec le montant de l’allocation vieillesse n’a rien d’attractif.

À défaut de la revalorisation de leur pension, les anciens combattants ont trouvé une place et un statut dans les brèches du système social français. La vue de ces personnes très âgées parfois clochardisées par l’errance induite par la vie en centre d’hébergement d’urgence, suscite la gêne et le malaise. Anciens combattants : SDF, l’équation fait scandale. Les titres des articles de presse nationaux et locaux qui leur sont consacrés traduisent cette indignation générale et révèlent un regard critique quant à l’attitude silencieuse de la France : « Les anciens combattants étrangers demandent justice à l’État français ». « A Bordeaux, pour percevoir le RMI, des vétérans marocains errent le long des quais »5, « Une injustice française »6. « Une honte française »7, « Une question d’honneur »8, « Le scandale continue »9, « Les anciens combattants sont à la rue »10, « Sans domicile fixe »11, « Jetés comme des ânes »12, « Une injustice majuscule »13, « La France ingrate »14. Le sentiment de scandale est lié à deux spécificités, leur âge et leur droit d’ancien combattant bafoué par la loi de cristallisation des pensions. Leur sort devient un argument politique au niveau local. G. Savary député socialiste siégeant au conseil municipal reproche au maire de Bordeaux son immobilisme. Ce dernier renvoie la question au niveau national en invoquant la responsabilité du gouvernement dans ce dossier.

Prise en charge sociale et construction d’une catégorie

Les institutions et les actions publiques vont se charger de nommer ces hommes, silencieux dociles, prêts à endosser n’importe quel statut, à se mouler dans les catégories préétablies. En sept ans différents acteurs vont être confrontés à la gestion de cette population pour la moins atypique, et participer à la construction de son identité institutionnelle.

Les premiers anciens combattants arrivant à Bordeaux, isolés et peu nombreux, sont entrés dans le système d’assistance aux SDF. Ils étaient donc hébergés la nuit au Foyer d’urgence Leydet et avaient recours aux associations caritatives qui les aidaient à constituer leur demande de RMI. Mais à partir de 1996, ces institutions font état de la saturation de ce dispositif de droit commun et de la concurrence des publics assistés. Ainsi la société Saint Vincent de Paul, qui assure des repas aux « sans abri », limite à partir de l’hiver 1997 ses distributions aux personnes de moins de 45 ans.

Le nombre d’anciens combattants continuant à gonfler et leur visibilité s’accentuant dans les espaces publics, la DDASS confie la gestion de cette population à l’Entraide protestante, une association caritative qui jusque là intervenait exclusivement en direction des SDF. Il lui est demandé de devenir le référent unique pour les anciens combattants afin de soulager les autres associations et le foyer Leydet. Elle crée une structure de gestion baptisée 4ACM (Association d’accueil et d’accompagnement des anciens combattants marocains), qui ouvre à partir du 15 juillet 1996 une permanence d’accueil avec un animateur arabophone. Cette structure doit répondre aux besoins urgents des vétérans, distribuer des repas à ceux qui ne bénéficient encore d’aucune aide, organiser leur suivi médical en partenariat avec Médecins du Monde ainsi que leur hébergement d’urgence, au foyer Leydet ou à celui du Petit Trianon mis à sa disposition par la mairie de Bordeaux, ou encore dans des chambres libérées dans le foyer de travailleurs immigrés géré par la Sonacotra et dont le loyer est couvert par une Allocation de logement temporaire. Elle doit aussi favoriser leur installation durable, les aider à constituer les dossiers leur permettant d’obtenir une carte de résident, puis le RMI, et à accéder éventuellement à un logement autonome dans le parc locatif privé ou public grâce à APL (Allocation personnalisée au logement). 4ACM travaille en partenariat avec des institutions s’adressant aux SDF, mais aussi avec l’Office départemental des anciens combattants. La mise en place de ce dispositif témoigne de la prise en compte d’une situation qui pose problème, et parallèlement de la reconnaissance d’une catégorie avec des spécificités de précarité, d’âge, de santé, et de culture qui, selon 4ACM, requiert « un accompagnement social spécifique ». Leur statut d’ancien combattant est pris en considération, de nombreuses démarches sont entreprises auprès des autorités militaires pour le valoriser à travers la réclamation de médailles, de livrets de soins gratuits et des constatations d’aggravation de blessures de guerre. Un travail de mémoire est mené à travers la constitution d’un recueil des récits de vie des anciens combattants.

Cette structure fonctionne pendant deux ans. Il y a alors 500 anciens combattants à Bordeaux et d’autres continuent à arriver. Les problèmes posés en 1996 n’ont pas été résolus, le foyer Leydet continue à être engorgé, les chambres mises à disposition par la Sonacotra sont toutes occupées, tandis que les logements autonomes en parc locatif privé ou public restent trop rares. Les vieux marocains continuent d’occuper les espaces publics au grand dam des autorités, et les médias décrivent leur sort. C’est surtout le flot des arrivants, jugé trop important, qui détermine la DDASS à changer de prestataire de services, à fermer la structure 4ACM et à demander à la Sonacotra de prendre en charge les anciens combattants.

Cette passation, effectuée en octobre 2000 contribue à inscrire la question des anciens combattants dans un autre contexte, directement liée à l’histoire de cette institution. La Société nationale de construction pour les travailleurs algériens (Sonacotral à ses débuts), a été créée pendant la guerre d’Algérie, en 1956 en pleine crise de logement, sous l’impulsion du Ministère de l’intérieur dans une visée de contrôle. Elle doit être, selon les termes de la loi « une société d’économie mixte ayant pour objet le financement, la construction, l’aménagement de locaux destinés aux français musulmans originaires d’Algérie, venus travailler en métropole et à leurs familles »15. D’après le sociologue Marc Bernardot (1999 : 40) « la Sonacotral est l’instrument d’une politique d’intervention dans les bidonvilles visant leur destruction mais aussi au comptage, à la sélection et au déplacement des populations "musulmanes" et mal logées ». La gestion de la société révèle des différentiations ou des discriminations dans le traitement des familles françaises et des populations immigrées. Les ménages français sont logés dans les logements HLM tandis que les ouvriers maghrébins de l’industrie sont hébergés dans les foyers, souvent gérés par des jeunes retraités de l’armée coloniale. Ces derniers ayant eu sous leurs ordres des tirailleurs algériens et autres sont bien placés, selon la direction de la société, pour gérer la différence culturelle.

L’indépendance de l’Algérie apporte des changements ; la mission de la société, rebaptisée Sonacotra, devient plus généraliste : elle doit gérer le logement de l’ensemble des travailleurs immigrés et notamment les foyers de travailleurs isolés. Le concept du logement pour immigré pensé dans les années soixante par la Sonacotra « trahit la conception qu’on se fait de la condition d’immigré (…). Le logement de l’immigré ne peut être que ce qu’est l’immigré […] un logement provisoire pour un résident provisoire » (Sayad, 1991 : 82). Mais dans les années quatre-vingt-dix la population des foyers a changé16. La Sonacotra, prenant en compte le vieillissement et la précarisation de la population immigrée de ses foyers, s’est orientée vers le logement des plus défavorisés dans le cadre du volet logement de la loi de prévention et de lutte contre les exclusions. Elle a développé la prise en charge des résidents par un accompagnement social. Mais, malgré ce revirement, elle demeure un instrument de la gestion des populations immigrées. Malgré une trajectoire profondément différente, la prise en charge par la Sonacotra des anciens combattants marocains tend à les inscrire institutionnellement parmi les travailleurs immigrés vieillissants des foyers.

Pourtant la Sonacotra a mis en place en octobre 2000 un outil d’intervention spécifique pour l’accueil de ces migrants particuliers, le DAPA (Dispositif d’accueil primo-arrivant). La prise en charge se caractérise d’abord par son aspect global, c’est à dire qu’elle tente d’intervenir dès l’arrivée en France de l’ancien combattant. La mise en place du DAPA répond à un premier souci, celui de faire converger les arrivées vers le foyer de la Sonacotra de Bordeaux. Il s’agit d’abord d’une volonté de soulager les services sociaux de la ville, mais aussi d’organiser la dispersion de cette population d’anciens combattants. En effet, ce qui différencie la Sonacotra du dispositif 4ACM, c’est la dimension nationale de son implantation ; elle peut ainsi placer une partie d’entre eux dans des foyers situés dans d’autres villes telles que Perpignan, Marseille, Lyon, Limoges, Pau, Bergerac, Port-de-Bouc... (plus de 600 ont pu ainsi être ainsi logés hors de Bordeaux). Cette politique de dispersion ne tend pas à donner une dimension nationale au problème mais aboutit à en atténuer la visibilité. Le sort des anciens combattants était plus médiatique lorsqu’il constituait au niveau local un événement et qu’il saturait le dispositif SDF de Bordeaux.

De chaque mode de prise en charge découle une désignation. Par un effet inéluctable d’inclusion les anciens combattants sont SDF lorsqu’ils passent par le circuit SDF et immigrés dès lors que la Sonacotra gère leur dossier. Entre ces marqueurs institutionnels se précise un particularisme catégoriel lié au statut d’ancien combattant. La reconnaissance de ce particularisme s’effectue à travers un traitement de discrimination positive. On a pu observer dès 1996 au sein du foyer Leydet une forme de reconnaissance de ces spécificités par la plupart des membres du personnel qui ont adopté envers eux des mesures de faveur dans le cadre pourtant d’un dispositif de droit commun. Ils leur permettaient par exemple de sortir faire leurs prières à la mosquée voisine alors que l’enfermement à partir de 18 heures est la règle pour tous les résidents17. On a pu constater également que le statut d’ancien combattant sensibilisait d’autres acteurs, ainsi la préfecture de Gironde accélère les procédures de traitement d’attribution des cartes de résident des anciens combattants (15 à 21 jours de délai contre 2 à 3 mois pour les autres dossiers). Cette reconnaissance bancale motivée par le respect dû à leur position d’ancien combattant et à leur grand âge, et pourtant soumise au tabou politique concernant la décristallisation, se retrouve à tous les échelons du dispositif social. C’est comme si la question de la dette, ou de ce qui serait de l’ordre d’une réparation morale traversait la prise en charge sociale d’un groupe à qui l’on reconnaît indirectement des droits.

Une expérience migratoire inédite

La sortie du dispositif SDF et le rattachement institutionnel à la catégorie immigrée ne doit pas donner l’illusion d’une intégration à l’ensemble des immigrés qu’ils côtoient dans les foyers. S’ils sont âgés comme bien d’autres résidents maghrébins, ils sont pour leur part issus d’une vague de migration récente. Aussi leurs comportements au quotidien sont-ils soumis aux spécificités liées à leur situation de nouveaux migrants.

Il s’agit d’une expérience migratoire particulière qui s’articule au passé. Cette migration a incontestablement, à différents niveaux, une charge historique. La relation à la France est déjà ancienne. Ces anciens soldats de l’armée française par leur participation aux campagnes militaires pendant la Seconde guerre mondiale et les guerres coloniales ont été liés à la France qu’ils connaissent à travers leur engagement passé qui n’est pas aujourd’hui politiquement reconnu. Mais leur expérience actuelle s’inscrit également dans l’histoire des migrations de ces milliers de Marocains partis travailler en France. Leur mobilité s’installe dans une sorte de champ migratoire mental en rapport à une immigration référence, celle des travailleurs des trente glorieuses, objet de représentations collectives partagées par toute une communauté. Cette immigration référence, c’est celle qui investit au pays dans le commerce et l’immobilier, qui rentre les valises pleines d’objets qui font rêver de l’occident prometteur (Ma Mung, 1996).

« L’eldorado français » vers lequel ils sont partis, en dépit de leur âge et d’une santé fragile, avec les encouragements parfois appuyés des enfants, ils l’explorent méticuleusement. Leur errance dans la ville dont ils découvrent la modernité et la richesse a suscité maintes questions de la part des Bordelais, qui s’interrogeaient sur l’identité de ces nouveaux sans abri. L’utilisation des structures d’assistance offertes dans le champ social bordelais se trouvait être également articulée à une errance diurne. Leur circuit quotidien qui comportait des étapes dans les associations caritatives, les lieux de distribution de repas et de colis alimentaires, les lieux d’accueil de jour était largement calqué sur celui de nombreux SDF, ce qui entretenait l’ambiguïté. Évoluant souvent en groupe pour des questions d’orientation, se déplaçant à pied tant qu’une carte de bus gratuite ne leur avait pas été accordée, leur errance les amenait à être visibles dans les espaces publics du centre ville de Bordeaux. Ce vagabondage a toujours été une composante de leur quotidien. Errants, ils l’ont davantage été lorsqu’ils étaient hébergés au foyer Leydet qui fermait ses portes à 7h45 et les ouvrait à 18h. Il semblerait que l’accueil mis à leur disposition par 4ACM, puis par la Sonacotra ait légèrement réduit cette errance.

Nombreux et divers sont les lieux fréquentés par les anciens combattants. Sur les marchés de brocanteurs, on les voit récupérer dans les poubelles moult ferrailles et éléments qui peuvent paraître à première vue inutilisables. Ils capitalisent leurs trouvailles dans des sacs en plastique. Leur errance à la gare Saint Jean et la présence, signalée en 1996 et 1997, de quelques-uns uns d’entre eux dans les squats suscitent aussi le questionnement. Gare et squats sont des hauts lieux de la marginalité dans la ville, et il est difficile d’imaginer ces vieux messieurs plutôt débonnaires en compagnie de marginaux de toutes sortes.

Cette errance n’est pas installée dans l’absence de sens. Elle est certes dans une certaine mesure motivée par l’ennui aussi mais il s’agit d’une errance ayant une logique économique et résolument connectée au pays d’origine. Champ de l’errance et champ migratoire sont alors étroitement associés. Leur refus de rester dans des logements autonomes et leur préférence pour les foyers ou pour les squats sont liés à une stratégie d’épargne, afin de ne pas trop grever l’allocation à laquelle ils ont droit. Leur fréquentation assidue des locaux d’associations où sont distribués des repas ainsi que des colis alimentaires s’inscrit également dans cette stratégie d’épargne destinée à transférer le plus d’argent possible au pays. Les activités de récupération s’inscrivent dans la même stratégie. Au Maroc, la plupart de ces anciens combattants étaient des ruraux vivant dans une certaine précarité. Aussi ne faut-il pas être étonné de les voir récupérer des pneus qui seront ingénieusement transformés en sandales de fortune. De même la fouille régulière des poubelles après les brocantes fournit des biens à offrir ou à vendre au Maroc. Nous sommes ici dans une dialectique de développement/sous développement, et les miettes d’ici sont des festins là-bas. Épargner, accumuler, thésauriser donne du sens à la migration.

La relation qui les lie à leur pays est comparable à celle de leurs compatriotes venus travailler en France. « Petit ici et notable là bas »18, cette expression utilisée pour évoquer les comportements des immigrés de la première génération peut s’appliquer aux anciens combattants, mais adaptée à leur expérience elle deviendrait : « SDF ici et notable là bas ». Bien que très âgés, ces anciens combattants devenus « riches » au pays n’hésitent pas à refaire leur vie, en renvoyant leur vieille épouse et en se mariant en seconde noce avec de toutes jeunes filles. Ils reviennent en France avec leur attestation de mariage et demandent à faire venir leur nouvelle femme en arguant qu’au regard de leur âge avancé, ils ont besoin de soins. Certains d’entre eux font également venir leurs enfants ou petits enfants mineurs. Une trentaine d’entre eux, potentiellement expulsables lorsqu’ils atteindront 18 ans19, sont scolarisés au collège situé en face du foyer du Médoc de la Sonacotra.

Cette relation avec le pays d’origine, les anciens combattants lui donnent de l’épaisseur en fréquentant des espaces qui ont du sens pour eux, ceux fréquentés par leurs compatriotes comme le quartier Saint Michel, quartier cosmopolite du centre ville bordelais. Il est vécu comme un territoire commun, celui d’un « nous » référencé spatialement. « Le territoire est mémoire : il est le marquage spatial de la conscience historique d’être ensemble » (Tarrius, 1995). Les anciens combattants investissent largement le quartier Saint Michel où on les aperçoit sur les bancs de la place centrale ou parfois aux terrasses des débits de thé à la menthe. Dans ce quartier, ils fréquentent également les mosquées. Autour de la place principale, ils négocient leurs voyages au Maroc dans les arrière-boutiques des épiceries. Les marchands de légumes, improvisés en voyagistes, ont trouvé dans cette population docile une clientèle régulière et sûre. Les vieux messieurs s’entassent ainsi régulièrement dans des fourgonnettes.

Cette présence significative dans un quartier considéré comme étant celui des immigrés paraît logique, elle s’effectue selon le principe d’agrégation communautaire et comme une résurgence de l’appartenance culturelle dans l’exil. Les relations de la population maghrébine avec les anciens combattants sont empreintes de solidarité épisodique et de mise à distance. Elle manifeste à leur égard des signes de solidarité pendant la période du ramadan mais paraît choquée par leur errance et leur pratique de récupération dans les poubelles, trouvant ainsi que ces « nouveaux immigrés » lui font une bien mauvaise publicité et contribuent à dégrader l’image de la communauté entière. Dans leur cohabitation dans les foyers Sonacotra, les différences se font criantes entre ces nouveaux arrivants et les anciens que des années de vie en France ont influencé dans leur mode vestimentaire et dans leurs comportements. Ces derniers se démarquent ostensiblement de ces ruraux qui continuent de porter la djellaba et de superposer les vêtements. À travers une certaine mise à distance ils se positionnent comme les immigrés légitimes. Ils expriment de plus une pointe de rancœur et de jalousie par rapport à ces nouveaux immigrés qui viennent juste d’arriver, qui n’ont jamais travaillé en France et à qui on s’empresse d’attribuer tous les minima sociaux. Quelques-uns uns rappelleront aux anciens combattants marocains qu’ils ont servi la France lors des guerres coloniales et en particulier en Algérie et qu’ils ont été selon eux des traîtres.

Pour les anciens combattants, cette expérience migratoire tardive est également l’expérience de la solitude. Ils sont astreints à résider en France neuf mois sur douze, et risquent la perte de repères liée à leur grand âge. Mais ils ont fait le pari de l’exil et sont prêts à aller jusqu’au bout de cette expérience migratoire, jusqu’à la mort. Une enquête informelle au sein de la Sonacotra auprès d’une quarantaine d’entre eux a révélé que pour une grande majorité l’éventualité d’un retour définitif était impensable. Mais dès leur arrivée à Bordeaux la plupart s’assurent que leur corps sera rapatrié, en confiant au référent arabophone de la Sonacotra, l’attestation délivrée par le service d’assurance de la Banque Populaire marocaine. Quoiqu’il arrive, ils veulent être sûrs que le chemin inverse sera fait, qu’ils reviendront au lieu de naissance, au lieu de filiation. Cet acte symbolique segmente toute vie de migrant en tant que sujet appartenant à un groupe et à un territoire et signifie que « l’immigration est une sorte de parabole de la mort. La migration est une première forme de mort » (Sayad, 2000 : 22).

Conclusion

Chaque année, une dizaine d’anciens combattants marocains meurent sur le sol français. L’extinction de ces générations représente un enjeu pour les autorités françaises. Leur disparition signifierait logiquement la disparition d’un problème politique et celle de la question de la responsabilité morale de la France dans ce dossier.

La question de la désignation de ces anciens combattants est fondamentale car elle révèle l’enjeu politique que constitue le traitement social de la population concernée. On a pu remarquer que parallèlement à une opération « d’englobement institutionnel » (Bastenier et Dassetto, 1993 : 233) qui va permettre l’ouverture des droits, s’élabore en filigrane une désignation propre à cette population dont la visibilité dans les espaces publics est vue comme une menace de marginalisation. La signification de cette menace est lourde, s’agissant d’une population sur laquelle se greffe le poids de la « dette de sang », expression utilisée par les africains en 1918 et reprise aujourd’hui dans les revendications des sans papiers qui « ne manquent jamais de rappeler le sacrifice de leurs pères durant les deux guerres mondiales » (Dewitte, 1999 : 6). Entre les catégories SDF et immigré, se profile la désignation implicite du pauvre victime d’une injustice historique, du pauvre méritant, et ce label oriente les prises en charge vers une politique de discrimination positive.

Cette dimension politique ne rencontre pas forcément l’idée que se font les anciens combattants de leur propre migration et de leur appartenance. Ils s’accommodent des divers modes de prise en charge et de désignations qui en découlent. Ils construisent leur espace-temps particulier en s’interrogeant toutefois sur l’obligation qui leur est faite de résider en France. Dans leur dernier exil, les anciens combattants ne peuvent s’empêcher de se demander pourquoi la France ne leur verse pas au pays ce qu’elle leur donne ici. Le choix de traiter cette question sur un plan social et non politique répond à une amnésie entretenue, une amnésie couvrant des épisodes sombres de l’après-guerre, qui laisse penser que la décolonisation n’est pas totalement digérée et cela des deux côtés de la Méditerranée.



Notes

1 -Cet article repose sur un travail de terrain effectué dans le cadre d’une thèse de géographie sur les « sans domicile fixe » (D. Zeneidi, Les SDF et la ville, le cas de Bordeaux, Thèse de Doctorat, Institut de géographie Louis Papy, Université de Bordeaux III, Juin 2000) et sur une enquête menée de janvier à juin 2001, enquête fondée sur des entretiens avec des anciens combattants et avec les acteurs institutionnels.

2 -Le Monde, 11 novembre 1996.

3 -Direction départementale des affaires sanitaires et sociales de la Gironde, Compte rendu de la réunion du 4 octobre 1996, Situation des anciens combattants marocains, p. 4.

4 -Ibid., p. 4.

5 -Le Monde, 11 novembre 1996.

6 -Le Monde, 24 septembre 1999.

7 -Sud-Ouest, 30 septembre 1999.

8 -Sud-Ouest, 12 novembre 1999.

9 Sud-Ouest, 13 novembre 1999.

10 -Sud-Ouest, 13 novembre 1999.

11 -Sud-Ouest, 24 novembre 1999.

12 -Sud-Ouest, 26 novembre 1999.

13 -Sud-Ouest, 27 décembre 1999.

14 -Sud-Ouest, 4 juin 2000.

15 -Selon l’article 116 de la loi n° 56-780 du 4 août 1956, cité par Marc Bernardot, 1999, p. 40

16 -Voir article de Marc Bernardot dans ce numéro.

17 -Cette liberté accordée aux vieux marocains avait d'ailleurs suscité l’indignation de jeunes SDF à qui on interdisait de sortir acheter des cigarettes à la gare.

18 -En référence au titre de l’article de Lamia Missaoui, 1995.

19 -Conformément à l’ordonnance de 1945, les mineurs ne peuvent être expulsés.

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Pour faire référence à cet article

Zeneidi-Henry Djemila (2001). "Anciens combattants marocains, construction d’une nouvelle catégorie de migrants". Revue Européenne des Migrations Internationales , Volume 17 , Numéro 1 .
Accessible en ligne à l'URL : http://remi.revues.org/document2625.html

Source: Revue Européenne des Migrations Internationales

                           
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K
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