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Carnets berbères et nord-africains
Carnets berbères et nord-africains
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5 janvier 2008

La montagne marocaine et le pouvoir central : un conflit séculaire mal élucide *

Ali Sedqi Azaykou
Poète et historien, professeur universitaire et membre du Conseil d'Administration de l'IRCAM (Maroc)

L'adrar n drn : une altitude méditerranéenne en afrique

La montagne marocaine, telle qu'on la connaît à travers 1'histoire, a toujours abrité des populations refusant toute soumissions aux différents pou- voir centraux établis dans le plat pays (1). " La montagne, écrit J. Célérier, est par excellence le "Bled es-Siba", le pays des tribus insoumises où le sultan n'a pu établir un minimum d'ordre, où le morcellement en groupes ennemis obligeait naguère les pacifiques voyageurs à multiplier d'onéreux protecteurs. (...) Les Sultans les plus intelligents et les plus énergiques se sont épuisés à lutter contre cette force centrifuge qui est le produit essentiel de la montagne " (1 bis).

Elle est, comme toutes les montagnes méditerranéennes, à tout le moins " ...le refuge des libertés, des démocraties, des " républiques " paysannes (2). "

Ce fait ne doit pas impliquer cependant l'idée d'une population montagnarde isolée, ne participant en aucune façon à la vie active des plaines environnantes, ni d'ailleurs celle d'une population figée et monolithique sur le plan raciale. Un mouvement permanent renouvelle, en effet, l'ossature humaine des occupants de la montagne: "L'optimum du peuplement y est vite atteint et dépassé: elle doit périodiquement déverser sur la plaine sa surcharge d'hommes" (3). " La montagne est bien cela: une fabrique d'homme à l'usage d'autrui, sa vie diffusée, prodiguée, nourrit l'histoire entière de la mer" (4).

En ce qui concerne le Maroc, le cas de l'empire almohade semble être un exemple qui prouve que les montagnards, si l'occasion se présente, peuvent aussi devenir les acteurs principaux d'une histoire glorieuse (5).

L'Atlas de Marrakech et le pouvoir central

I) Données géographiques

L'Atlas de Marrakech est la partie centrale de l'adrar n-Dern ou le Haut-Atlas. C'est un ensemble particulièrement important, vu sa situation géographique et ses capacités humaines. Il se situe, GROSSO-MODO, entre la vallée de Rdat à l'Est et celle de Tamarwut (Asif n-lmi n tanût) à l'Ouest.

Les deux rivières parcourant ces deux vallées représentent avec Asif n-Iwriken, Asif n-Nffis et Asif n-Mal, les principaux affluents de Tansift. Il s'agit donc de ce qu'il est convenu d'appeler l'Atlas de Marrakech, qui se dresse majestueusement à une quarantaine de kilomètres environ au Sud de la ville almoravide. Les cols de Tizi n-Tishka à l'Est, de Tizi n-Umashu à l'Ouest et de Tizi n-Tast au centre, sont parmi d'autres, de hauts lieux de passage permettant aux hommes de franchir les plus hautes altitudes marocaines (6). Le Haut-Atlas, malgré son orientation (Ouest-Sud-Ouest, Est- Nord-Est), sa lourdeur, sa grande étendue et sa haute altitude n'a, effective- ment, jamais constitué une barrière sérieuse empêchant les habitants de part et d'autre de ses versants d'entreprendre de multiples rapports. Il a toujours été, au contraire, grâce à ses vallées et à ses cols, un relais ou un gîte favorisant cette éternelle alternative d'hommes et de choses. Une déception, sans doute, pour tous ceux qui croient en l'invulnérabilité des frontières naturelles (7). C'est dans cet ensemble montagneux que se trouvent, en effets les pas- sages les plus fréquentés reliant le Hawz de Marrakech à la plaine du Souss. L'une et l'autre étant deux régions aussi importantes que complémentaires, en ce qu'elles représentent une continuité humaine dans le temps et une dis- symétrie morphologique dans l'espace; continuité et dissymétrie dues, dans une grande mesure à l'existence même de cette montagne.

Le Souss, le Hawz et l'Atlas sont parmi les régions du Maroc, celles qui sont habitées depuis les siècles les plus reculés (8), La région de Marrakech appartient à une zone d'influence que l'on peut appeler atlantico- méditerranéenne, tandis que le Souss appartient à celle que l'on peut nom- mer Saharo-africaine(9) .Par conséquent, les deux régions reçoivent et réfléchissent des types relativement différents d'influences climatiques, économiques, politiques et culturelles. L'unité linguistique (Tamazight) avait fait que cette complémentarité nécessaire fut beaucoup plus intense et que cette continuité eut une dimension historique considérable (10).

2) L'installation des Almoravides à Marrakech : début d'un conflit sans précédent.

L'édification de Marrakech, devenue capitale des Almoravides au Xie siècle, fut dictée par de nombreuses raisons (11), mais ce fut surtout les ré-percussions ultérieures de l'initiative almoravide qui rendirent compte de l'importance majeure de l'événement par rapport à l'Atlas de Marrakech (12).

Les premiers almoravides voulaient être près de cette montagne pour mieux la contrôler (13), parce qu'on les aurait avertis d'une opposition réelle ou éventuelle de la part de ces paysans montagnards habitués à des structures politico-sociales différentes de celle qu'on leur proposait (14).

La justesse de cette visée stratégique allait être confirmée par les événements ultérieurs, d'autant plus que cette contrée massivement peuplée (15) les séparait dangereusement de leurs pays d'origine.

La ville de Marrakech était trop près de cette zone montagneuse difficile- ment accessible, pour qu'elle pût échapper aux convoitises de toutes sortes. L'importance vitale du Hawz de Marrakech pour les habitants de la montagne voisine était inestimable. Le Dir ou " les pays en espalier " selon l'ex- pression de F. Braudel (op. Cit. p.43) constitue effectivement avec les plaines avoisinantes le prolongement de l'espace vital des habitants de la montagne (16). Or, l'installation des Almoravides non loin du Dir Nord avait pratiquement bouleversé l'ordre des choses.

Les montagnards ne pouvaient plus ou guère étendre leurs activités au delà de leurs refuges escarpés. Les masses almoravides et leurs troupeaux, les différentes obligations qu'imposait le nouveau régime étaient, parmi tant d'autres raisons, à l'origine de ce changement aussi brutal que fatal. Ces problèmes ont fait que les lmsmuden de la montagne, forts par leur nombre et par leurs atouts stratégiques, étaient disposés à soutenir tout opposant leur promettant la fin de cette situation,

En effet, c'était avec eux et dans leur montagne que le mouvement almohade vit le jour. La chute de la dynastie almoravide et l'avènement de celle des Almohades met fin à ce blocus longuement et péniblement supporté par les montagnards. Il en sera de même pendant toute l'époque mérinide; puisque les gouverneurs de Marrakech à cette époque étaient presque tous issus des grandes familles de la montagne (17). Cela n'a pas empêché pour autant, les Imgharen des Imsmuden de décider de marcher sur Marrakech : "Un engagement solennel fut pris à cet effet et l'on s'était décidé à mettre cette ville en ruine parce qu'elle servait de centre d'administration et de station à un nombreux corps d'armées" (18).

Nous constatons d'emblée qu'entre la volonté pressante des pouvoirs politiques successifs de soumettre les hautes vallées et les intérêts vitaux des habitants de la montagne, il y avait toujours incompatibilité et divergence. A ce propos, Ibn khaldun avait écrit ceci : "Menacés (Imsmuden) par la proximité des lemtouna-almoravides, ils lui opposèrent une résistance telle- ment opiniâtre que le souverain de cette nation prit le parti de fonder la ville de Maroc (Marrakech) dans leur pays, afin de pouvoir dompter leur audace par des attaques sans cesse renouvelées" (19).

Il serait d'ailleurs très intéressant de savoir dans quelle mesure l'installation des Almoravides à Marrakech aurait contribuée à changer le paysage agricole et végétal de la région ainsi que la composition humaine de ses populations. En effet, les richesses de Nffis relatées par al-Bakri ne sont plus signalées par les sources postérieures; des groupes humains comme Ilalen et Izmiren (Hilana et Hazmira), n'ont laissé qu'un souvenir remontant à l'époque almohade. L'arrivée et l'installation par la suite des groupes nomades et Gish, aux alentours de la ville serait l'un des facteurs de cette détérioration " (20).

L'engagement des communautés de l'Atlas de Marrakech dans une aventure politique d'envergure, comme celle des Almohades, leur avait coûté très cher. Ils ont réussi, certes, à liquider le régime almoravide mais aux pri de grands sacrifices. Beaucoup d'entre eux étaient, effectivement obligés de quitter leurs montagnes pour s'installer ou mourrir ailleurs. La magnifique épopée almohade fut incontestablement la leur, mais elle a profondément bouleversé les structures politiques et sociales des communautés de la montagne. En effet, l'installation des Almohades dans la montagne ne s'est pas faites sans d'importants dégâts, tant sur le plan humain que sur le plan organisationnel. D'une part, parce que l'entreprise d'Ibn Tumert n'avait pas, au début, tout au moins, l'adhésion unanime de tous les groupes Imsmuden de Dem (21) ; d'autre part, parce que les visées unificatrices du projet almohade, malgré l'ingénieuse intégration de l'organisation socio-politique locale dans le système étatique almohade, sont difficilement assimilables par des populations profondément attachées aux principes communautaires de gouvernement (22).

Dans ce qui précède résident sans' doute des éléments explicatifs de l'état dégressif dans lequel se trouvent sombrés les débris des ensembles Imsmuden de l'Atlas de Marrakech après la chute de l'Empire almohade (23).

3) Des Limes romains aux forteresses almoravides

Bloquer l'arrière pays en construisant les Limes et les forteresses, voilà un procédé militaire anciennement utilisé au Maroc (24 ). Le Limes romain, vu son éloignement relatif des massifs montagneux et de leur prolongement immédiat dans la plaine, n'avait pas l'air d'étouffer, outre mesure, les mouvements habituels des habitants de la montagne environnante. Les forteresses almoravides, mérinides et alaouites sont, par contre, des ouvrages très avancés dans le Il poitrail" de la montagne.

Les Almoravides semblent être, à l'époque musulmane, les premiers à ceinturer la montagne d'une impressionnante série de forteresses sur les contreforts même de l'drar-n-Dern "Les almoravides, écrit al-Baydaq, choisirent des emplacements de forteresses et les édifièrent dans des endroits entourés de montagnes de tous côtés, afin de s'y défendre contre les Almohades" (25). Les forteresses de Tasghimmut (26), de Ansa (27), de Tafrggunt (28); de Wirgan (29) et de Nffis (30), tout particulièrement, sont non seulement des postes de surveillance, mais aussi de véritables verrous acculant les montagnards à leurs étroites et hautes vallées (31). Ces derniers ne sauraient admettre cet état de choses qui les privait de l'azaghar, c'est-à-dire de leur espace vital le plus envié (32). Tous les efforts des premiers Almohades étaient concentrés sur ces forteresses qui furent, semble-t-il, entièrement dé- truites avant la prise de la capitale des Almoravides en 1147 (33).

Si les Almohades, issus de la montagne de Dern, n'avaient pas besoin de tels ouvrages militaires qui étaient d'ailleurs tombés en désuétude durant tout leur règne, leur souvenir vivace perpétuait chez les pouvoirs postérieurs, l'idée de réduire les populations de la montagne par blocus. Les Mérinides ont réussi, certes, à contenir partiellement le problème des Masmuda de l'Atlas de Marrakech en déplaçant d'abord leur capitale à Fès (34) et en associant à leur pouvoir les Intan (Hentata), prestigieux héritiers des Almohades (35). Cependant, ils étaient, eux aussi, obligés de construire en 1353 la forteresse d'al-Qihra pour soumettre les Isksawan (Seksawa) (36). Mais Ibn khaldun assure que: " jamais ils (Isksawan) n'entrèrent au service des Mérinides, jamais ils ne se laissèrent commander par ce peuple.(...) repoussant toujours l'autorité de l'empire, ils lui offrirent une résistance continuelle " (37). Les Igdmiwen (Gedmiwa), quant à eux, après une période de résistance aux armées mérinides, se sont résignés, vu la vulnérabilité relative de leur pays, à reconnaître la souveraineté mérinide, sans se soumettre pour autant à leur autorité directe (38).

Cependant," Lors du revers subi par Abu-Lhasan à Cairouan et des troubles qui éclataient au Maghreb aussitôt après, les cheikhs masmoudiens, voyants les provinces marocaines (i.e., de Marrakech) sans chefs et sans défense, formèrent le projet de quitter leurs montagnes et de marcher sur Ma- roc (Marrakech). Un engagement solennel fut pris à cet effet et l'on s'était décidé à mettre cette ville en ruines (...) Le rétablissement de l'empire mérinide à Fès jeta la désunion parmi ces chefs et fit avorter leur projet, mais le souvenir n'en est pas encore effacé" (39).

4) Sous les saâdiens; la trêve dans l'épuisement

A l'époque de la dynastie saâdienne, les lmsmuden de l'Atlas de Marrakech ne font plus parler d'eux. Dans les chroniques de l'époque, on ne trouve rien qui puisse dénoter de leur part un intérêt quelconque à la politique de l'Etat dont la capitale est pourtant Marrakech qui les engorge tant.

Certes, un prétendant au trône s'est installé chez les lsksawan à l'époque d'al-Mansur dahbi, mais son entreprise n'a pas duré longtemps (40). Quelles étaient donc les causes de cette état de choses?

Bien entendu, nous n'avons pas l'intention d'approfondir la question ici posée. Nous allons néanmoins esquisser quelques grandes lignes d'une évolution interne qui semble être, directement ou indirectement, responsable de cette situation.

a) Il y a d'abord, comme nous l'avons signalé plus haut, les pertes humaines qu'avaient subies les populations de la montagne durant toute l'époque almohade et tout particulièrement pendant les cinquante dernières années de leur règne (41). La décision d'Idris al-Mansur en 626!1229 d'abroger officiellement tout ce qui perpétue le nom d'Ibn Tumert y compris sa qualité du Mahdi, a définitivement consacré la rupture entre la communauté des Almohades de la montagne (Djama'at al-Muwahhidin) et le pouvoir établi à Marrakech (42). C'est le début d'une longue période de recueillement qui va durer jusqu'au XVIIe siècles. La présence symbolique du pouvoir mérinide dans la région de Marrakech, représenté par des gouverneurs recrutés au sein des familles aristocratiques almohades (43), a entraîné des divergences profondes entre les fidèles de l'Almohadisme, retranchés dans la montagne et les serviteurs du nouveau régime résidant à Marrakech et les environs (44).

b) L'installation progressive de nouveau groupes d'Arabes bédouins dans le Hawz de Marrakech à beaucoup contribué à l'appauvrissement des populations de l'Atlas de Marrakech (45). Au XVe siècle, Léon l'Africain les décrit comme un véritable fléau pour les habitants de la montagne et de Marrakech (46) ." Mais les habitants, écrit-il, molestés par les Arabes ne peuvent cultiver le terrain. Ils n'ensemencent que la pente de la montagne (...), ils paient même pour cela le tiers de revenus de l'année comme redevances aux Arabes (p. 96-97)." Mais les Arabes surchargent cette ville (Imizmizi) d'impôts et le seigneur de Marrakech en fait autant, si bien que la plus grande partie de la campagne est inhabitée " (p. 98). Le rôle des Arabes bédouins dans la destruction de l'espace vital dans le Hawz de Marrakech et même au-delà, et par là, la paupérisation des communautés de l'Atlas, ne saurait-être ainsi considéré comme négligeable (47).

c) L'occupation des côtes marocaines par les chrétiens Espagnols et Portugais est un événement dont le retentissement est profondément senti par tous les habitants du pays (48). Sur le plan intérieur, les conséquences de l'intervention européenne sont d'une portée considérable. L'indignation et la peur provoquées chez les populations par le danger ibérique et la faiblesse du pouvoir Wattasside, ont incité les masses à s'adresser aux personnages religieux à savoir les marabouts et les chorfas (49). Le maraboutisme et le chérifisme seront désormais deux éléments essentiels qui colorent la vie politique du pays. La venue tardive des turcs en Algérie a contribué à consolider cette tendance au Maroc qui s'y est bien implantée pendant l'époque des Mérinides (50). L'Atlas de Marrakech qui a développé auparavant un mysticisme sobre et fort ancré dans les milieux paysans (51), n'a pas échappé à cette évolution. A ce propos, J. Berque a fait la remarque suivante: " Pendant le siècle et demi qu'encadrent les témoignages d'Ibn al-Zayyat et d'Idn Qunfud, règne dans le Dm une intense fermentation religieuse, sans doute consécutive à l'aventure almohade, réactif puissant pour les Berbères " (52).

d) Le prestige de la nouvelle dynastie qui n'est pas dû uniquement à ses origines chérifiennes que certains contestent d'ailleurs (53), mais aussi à son appartenance régionale, le Souss, et à l'appui que procure l'adhésion des marabouts du Sud à sa cause, semble être aussi l'une des raisons favorisant l'accalmie des communautés de Dern qui voient Marrakech redevenir la capitale du nouveau pouvoir central (54). Nous avons évoqué le Souss à ce propos, parce que nous savons qu'il est, depuis toujours, pour les habitants de Dern de Marrakech, une source d'influences diverses (55). Disons aussi que la conjoncture internationale au X VIe siècle a mis le Maroc dans une situation .l'obligeant à prêter plus d'attention à ses frontières orientale et maritime, sources de dangers réels et à traverser le désert pour rétablir la sécurité des sources de son Commerce caravanier.

L'épuisement consécutif à quatre siècles d'efforts de la part des Almoravides, Almohades et Mérinides, pour établir un pouvoir central jamais connu auparavant au Maroc, et de luttes contre la réalisation de ce projet, menées par un certain nombre de communautés marocaines, a, entre autres, facilité l'absorption des forces actives du pays par la notion du Jihad, exaltée par les Marabouts et les Saâdiens. Mais les saâdiens, une fois installés à Marrakech, se mettent à chercher d'autres alliés parmi les populations de la plaine ou du désert. Aussi constate-t-on que "l'emprise de la dynastie sur la montagne berbère, qu'elle avait menée au combat contre les Portugais, avait cessé dès la fin du règne de Mohammed as-Shaykh. Avec le soutien des marabouts, les montagnards devinrent de plus en plus les ennemis des Saâdiens appuyés sur les contingents arabes et alliés des Espagnols "(55bis).

Au début du XVIIe siècle, nous constatons que le travail en profondeur des Zawiya a donné lieu à trois royaumes montagnards : Le royaume de Tafilalt des Ida-Umahmud au Nord de Taroudant(56), le royaume de Tazeroualt dans 1'anti-atlas(57)et celui de Dila dans les montagnes de Tadla(58). Tous les trois avalent pour objectif la soumission des plaines environnantes au-delà des deux versants de l'Atlas.

Le succès des Alaouites de Tafilalt, dans le Sud-Est, chorfa eux aussi, va arrêter les ambitions des royaumes de la montagne et condamner ces communautés à mener une résistance sournoise et à pousser vers les plaines d'une façon ou d'une autre(59).

5) Une politique combinée: La pénétration lente et les forteresses avancées.

La rapidité avec laquelle Moulay Rachid a détruit le pouvoir politique des Vila et de Tazerwalt ne s'explique pas par une simple supériorité militaire de My Rachid, le côté psychologique croyons-nous, y est aussi pour quelque chose. En effet, il suffit de jeter un coup d'œil sur les lettres échangées entre le Saâdien Mohamed as-Shaykh ben Zaydan et les dilaïtes(60) d'u:ne part, et entre l'Alawite Mohamed ben chérif et le dilaïte Mohamed al-Hadj (61), d'autre part, pour constater que l'idée qui attribue la légitimité du pouvoir aux seuls chérifs est déjà profonde chez les uns et les autres. Il serait très intéressant d'ailleurs de savoir dans quelle mesure ce facteur a contribué à refouler, chez les Imazighen de l'Atlas, même quand ils sont puissants, toute aspiration au pouvoir suprême (62).

En effet, si Moulay Ismaïl a réussi au prix de grand efforts, à contenir la poussée des puissantes confédérations Sanhajiènnes du Haut-Atlas Oriental et du Moyen Atlas, on a des raisons de croire que cela Île s'est pas réalisé uniquement grâce à la puissance de l'armée makhzenienne et aux forteresses de surveillance militaire dispersées au pied de la montagne (63). L'absence apparemment totale d'un projet politique susceptible d'unifier les communautés de la montagne autour d'un idéal commun, a condamné leurs mouvements à n'être qu'une série de conflits entre les différents groupes ou entre ceux-ci et le pouvoir central (64). My Ismaîl a tout fait pour empêcher tout regroupement susceptible de nourrir des ambitions politiques chez les montagnards. Deux exemples peuvent-être évoqués ici: celui des lhnsalen du Moyen-Atlas (65) et celui de la Zawiya de Tasaft de la vallée de Nffis (66). Dans le premier cas, sidi Yusuf Ahensal accepte les directives du Makhzen, son activité de marabout se trouve ainsi tolérée par My lsmaîl (67). Quant au deuxième cas, Hadj Brahim az-Zarhuni refusant tout compromis avec le Sultan se trouve obligé de fuir sa Zawiyaque détruit le Pacha de Marrakech après avoir envahi la vallée de Nffis en 1715 (68).

Néanmoins le problème de la montagne reste l'un des problèmes majeurs du Makhzen marocain depuis la deuxième moitié du XVIIe siècle. Il se pose tout particulièrement d'une façon dangereuse du côté du Moyen-Atlas et du Haut-Atlas Oriental. Et c'est vraisemblablement pour cette raison que la ville de Meknes devient la capitale de My Ismaïl(69). Pour parer à ce danger My Ismaîl utilise trois moyens déjà connus auparavant:

a) La neutralisation des Zawiya qui ne veulent pas être inféodées au régime et l'encouragement à en créer d'autres totalement inféodées. "La politique de domestication est plus nette à l'égard des familles chérifiennes. Des règnes de Moulay Rachid et de son successeur date la formation de deux Zaouias nouvelles, celles des Derkaoua et celles des Ouazzaniyine. (...) le pouvoir alaouite cherche à faire contrepoids aux marabouts non cherifiens" (70).

b) La formation d'une armée d'esclaves dévouées et sociologiquement non imbriqués dans le système social marocain." Le recrutement traditionnel par appel aux tribus "guich" (tribus à qui on octroie des terres en échange du service militaire) n'est pas pour autant négligé " (71 )

c) La construction des Kasbahs ou forteresses garnies de soldats Abid dans des pôints assez avancés dans la montagne (72). Parallèlement à tout cela, le Sultan, renforce le blocus de la montagne en installant des tribus "guich" dans la région de Tadla et ailleurs " chargées de faire face à la puissante forteresse berbère du Moyen-Atlas et du Haut-Atlas Occidental" (73).

Du côté du Haut-Atlas Occidental, il faut noter que My Ismaïl n'a pas procédé à l'édification de nouvelles kasbahs (74). Cela signifie-t-il que les montagnards de l'Atlas de Marrakech, ne présentaient aucun danger pour la sécurité du Makhzen? ou serait-ce parce que la présence des forces makhzeniennes à Marrakech était d'une densité suffisante pour empêcher toute tentative de rébellion? En tous cas nous savons que Marrakech était toujours considérée à l'époque alaouite comme ville impériale, le khalifa du Sultan y réside en permanence, secondé par un gouverneur ou un Pacha.

Nous constatons aussi que, sous le règne de My Ismaïl, le Sud du Maroc, y compris Marrakech, était le théâtre d'incidents très graves provoqués par des prétendants au trône appartenant à la propre famille du Sultan (75). Toutefois, le mouvement de Mohamed al Âlim, semble être le seul à constituer une menace sérieuse pour le régime de son père.

La Rihla de Tasaft donne des informations sur le comportement violent de al Âlim vis-àvis du Makhzen de My lsmaîl, ainsi que sur l'importance de l'adhésion des Ulama du Sud en particulier, à sa cause et les sympathies mêlées d'espoir, suscitées par son mouvement, chez les montagnards du Halit-Atlas Occidental. Les Barka de My Ismaïl, malgré tout, venaient toujours à bout de ces soulèvements, avec une facilité relative, quelque peu étonnante.

Cela incite à penser qu'un changement profond est intervenu pour faciliter le triomphe des uns et rendre inévitable la défaite des autres. En effet, nous estimons que le Souss et le Haut-Atlas Occidental en particulier constituent depuis longtemps une zone soumise à l'action érosive d'une politique makhzenienne de pénétration très élaborée. Elle consiste GROSSO-MODO à imposer à ces vieilles populations sédentaires la reconnaissance nominale du pouvoir établi, en accomplissant un certain nombre d'actes symboliques : les cadeaux au Sultan à l'occasion des fêtes, des impôts qu'on paie de temps en temps, la liberté de circulation à travers les cols de la montagne...Sur le plan administratif; cette politique se réalise par l'installation des Caïd makhzen dans des localités du Dir Agrgour et Amizmiz par exemple, sous les ordres du Pacha de Marrakech, avec mission de contrôler la montagne et d'y implanter l'influence du Makhzen.

Parmi les moyens utilisés à cet effet figure au premier plan l'exploitation des conflits individuels ou collectifs qui naissent au sein des communautés montagnardes pour intervenir en arbitre ou en partisan selon les cas.

L'argent, les faveurs et les armes sont, entre autres, des choses que les caïd du Dir utilisent pour acheter des complicités chez les montagnards (76).

Toutes ces manœuvres, devenues perfectionnées avec le temps, constituent l'un des facteurs déterminants qui sont à l'origine de la corruption des institutions communautaires dans la montagne, et de la désagrégation de ses structures sociales et économiques. C'est en cela que réside le pas décisif vers l'intégration définitive des populations de Dern dans le système gouvernemental central qu'ils ont toujours refusé(77).

* Etude publiée dans Hespèris- Tamuda valu xx III fascicule unique 1990

Bibliographie

(1) Pline l'Ancien signale une expédition punitive des soldats romains contre les montagnards de l'Atlas qui les amène jusqu'au Tafilalt actuel, Y.P. Roget, le Maroc chez les auteurs anciens, Paris, 1924, pp.32-34,Y. aussi Ibn Khaldun, Histoire des Berbères, trad. de Slame, Paris 1969, T.II pp.258-273 et passim.

(1 bis) " La montagne au Maroc, Essai de définition et de classification ", in" Héspéris" T.XXY,1938,p.117

(2) F.Braudel, la Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe Il, 2e éd. A.C.1966, T.l, p.35

(3) F. Braudel, op cit, l;p.37, Y. aussi J. Célérier, op.cit, pp. 113 sqq (4) F. Braudel op.Cit. I.p. 46

(5) v.lbn Khaldun, Histoire..., trad (1927)t. II, pp.158 sqq; Ch.-A Julien, Histoire de l'Afrique du Nord, Paris 1975 t II, pp.102 sqq ;

(6) v.al-Bakri, Description de l'Afrique septentrionale, trad. de Slane, Paris (1965), pp. 290-291,304-305, al-ldrisi, Description de l'Afrique septentrionale et Saharienne, pub, Par H. Pérès, Alger 1957, p. 40 du texte arabe, Ibn Khaldun, Histoire trad. (1969) t.lI, p.159,R Montagne, les Berbères et le Makhzen dans le Sud du Maroc, Paris 1930, p.14-15; E. Laoust, Contribution à une étude de la toponymie du Haut-Atlas, Paris 1942, p.4; J. Berque, Notes sur l'Histoire des échanges dans le Haut Atlas Occidental ", in A.E.S.C. Juillet-Septembre 1953, p. 289; J. Célérier, l'Atlas et la circulation au Maroc, in Hespéris, 1927, 4è tr .pp. 447 sqq.

(7) v.Lucien Febvre, La terre et l'évolution humaine, Paris 1970, pp. 324 sqq, J.Dresch, Documents sur les genres de vie de montagne dans le massif Central du Grand Atlas- commentaires. Tours, 1941, pp.5 sqq.

(8) v.F. Braudel, op. Cit., I p. 46; J. Berque, Structures Sociales du Haut-Atlas, Paris 1955, pp. 63 sqq; Histoire du Maroc (ouvrage collectif) Paris 1967, pp.6 sqq ; A Simoneau, Les gravures du Haut-Atlas de Marrakech, in" Revue de géographie du Maroc" , 1967 n° II, pp. 65-75 ; Id. Nouvelles recherches sur les gravures rupestres du Haut Atlas et du Draâ ", dans Bulletin d'Archéologie marocaine t.Y111.1968-1972 pp. 15-36

(9) " ...La montagne marocaine a été un véritable carrefour entre la Méditerranée au sens large, en particulier l'Espagne proche, et le Sahara" Histoire du Maroc (Collectif), Paris, 1967,p.15

(10) En effet, le Souss, le Haut-Atlas Occidental et le bassin de l'Oued Tansift, à tout le moins, étaient et restent le pays des Imazighen Imsmuden (Berbères Masmuda).

(11) V.Anonyme, al-Hulal al-Mawshiya, (1979); pp. 15-16, et 112 Ibn Abi Zarâ, Rawd al- qirtas, (1973), pp. 138; Ibn Khaldun, Histoire...,trad. (1927) .t.II,p.161

(12) En effet, si l'on ne peut pas prétendre que le fait almohade, tel que nOus le connaissons, fut provoqué ou, du moins, stimulé par la seule existence des Almoravides en tant qu'Etat soutenant une certaine idéologie et un certain mode de gouvernement, nous pouvons affirmer, par contre, que l'établissement de leur capitale au pied de l'Atlas de Marrakech a beaucoup contribué à la valorisation de l'aspect stratégique de cette partie de la montagne. Ainsi devient-elle rapidement le lieu idéal d'une opposition politico-militaire très active et dont le développement effectif entraîne un bouleversement socio-politique à l'intérieur même de la montagne.

(13) V.Anonyme, al-Hulal..., (1979) p. 15-16, Ibn Khaldun, Histoire ,trad (1927) t.II,p.161,Ibn Idhari, al-Bayan al-Mughrib..., éd. par Ihsân Abbas, 3è éd. Beyrouth 1983, t. IV,pp. 10, 15, 19, sqq.

(14) Il n'est peut-être pas superflu de rappeler que le mode de vie des Almoravides venus du Désert, était le nomadisme, il est donc évident que leurs structures politiques et sociales n'étaient pas identiques à celles des Imsmuden (Masmuda) de Dern (Atlas), paysans, séden- taires. C'est ainsi qu'en parlant des Lamtuna du Désert, al-Bakri écrit ceci: " ils ne savent ni labourer la terre, ni l'ensemencer, ils ne connaissent pas même le pain" Description..trad. (1965), p. 310). Mais c'était surtout au niveau de l'organisation politique que les contradictions étaient graves. Car le système centralisateur almoravide ne pouvait guère séduire l'esprit autonomiste des Imsmuden de la montagne (v. Ibn i dhari,op. Cit,t. IV. P.10).

(15) Les sources historiques sont unanimes sur ce point. AI-Baydhaq tout particulièrement donne plus de précision sur l'ensemble de" tribus" de Dern, leurs subdivisions et leur importance numérique. Son livre Akhbar al-Mahdi, demeure la source essentielle sur ce sujet." ...Ces lieux, écrit Ibn Khaldun, sont peuplés par des peuplades masmudiennes dont Dieu seul connaît le nombre... " Histoire.., trad. (1927), t.II. P. 159.

(16) V.Ibn Khaldun, Histoire..., trad (1969), t.II, p.271-272; J. Berque, Structures... pp. 90-105; J. Couleau, la paysannerie marocaine, Paris 1968, p. 30; al-Nasiri, Istiqsâ, Casa- blanca 1954, t. Il, p.23

(17) V.Ibn Khaldun, Histoire..., tard. (1969), T. Il,pp. 260 sqq. (18) Ibn khaldun, op.Cit., trad. (1969) T.IIp.271-272

(19) op.Cit., trad (1927) t.II,p.16l (20) Abd al-Aziz al-Fashtali, Manahil al-Safa, éd.par Abd allah Gennûn, Tétouan 1964,pp. 118 sqq; Léon l'Africain, op, Cit., pp.96 sqq; P. Pascon, Le Haouz de Marrakech; Rabat, 1977,t I pp.150 sqq.

(21) V.ai-Baydhaq, Akhbar al-Mahdi, publié par E. Lévi-Provençal, Paris 1928, p.132 (texte) 223 (trad) Ibn, al-qattan, Nazm al-Djuman, éd. par Mahmud Ali Makki, Tétouan (sans date) p. 94.

(22) V .Ibn Khaldun, Histoire... trad. (1969), II, pp. 259 sqq.; cf. Jean-Léon l'Africain, Description de l'Afrique, nouvelle édition traduite de l'Italien par A. Epaulard. Paris 1956, t.I pp.97 sqq, al Bakri, op Cit.p. 292 (trad) Ibn idhari, op.Cit., IV, p. 10

(23) V.J. Berque, structures..., p.59-60

(24) v. CH-A Julien, op. Cit, t. I, pp. 133 sqq, Actes du neuvième congrés de l'Institut des Haute-Etudes marocaines consacré à la montagne marocaine, Rabat 13-15 Mai 1937 Librairie Larose, Paris, pp. 26 sqq

(25) Op. Cit, trad pp. 218 sqq. où sont cités les noms des 24 forteresses almoravides.

(26) V.Les deux cartes établies par E. Lévi-Provençal dans Kitab Akhabar al-Mahdi cité plus haut.

(27) Ibid, trad. p.218, 122 n 4,123 n.1 (28) Ibid, trad p. 218, 126 n.1

(29) C'est une localité qui se trouve au delà du plateau de kik à soixante-dix kilomètres environ au sud de Marrakech.

(30) Dans le Hawz Ouest de Marrakech, sur l'Assif n-Nffis du côté d'Amizmiz actuel. (31) Cela n'est pas dû uniquement à leur position géographique et au fait qu'elles soient

relativement proches les unes des autres, mais aussi à l'importance de l'effectif militaire qui y stationne en permanence. (V. ai-Baydhaq op. Cit., trad., p.218).

(32) v.J Berque, Structures..., p. 59

(33) C'est peut-être pour cette raison qu'on en parle plus par la suite.

(34) Le transfert de la capitale à Fès sous les Mérinides n'est sûrement pas un acte gratuit. Il peut répondre aux exigences de leur propre sécurité. Les régions de Fès et l'Oriental étant peuplées par les Iznaten (Zenaten) frères des Beni Mérine (v.lbn Abi Zarâ, op. Cit, pp. 139- 141, 282) ; en tout cas, en agissant ainsi, ils ont rendu la présence de leur pouvoir à Marrakech moins contrariante et plus supportable pour les seigneurs d'hier et leurs partisans.

(35) Sur les Intan (Hentata) et leurs rapports avec les souverains mérinides V .Ibn Khaldun, Histoire.., trad: (1969), t. II, pp. 260 sq.q ; les troupes mérinides ont ravagé la vallée de Nffis en 674/1276; v. Ibn Abi Zarâ, al-Dhakhira al-saniyya, Rabat 1972,p. 156-157.

(36) V.ibn Khaldun, Histoire..., trad (1969) t.lI, pp. 269 sqq ; J. Berque, Structures. p.59.

(37) Ibid.P. 270; v. aussi J. Berque Un document hagiologique du Haut-Atlas, dans Mélanges Louis Massignon, Tome I, Damas 1956, p. 209; Id structures...;p. 237-238.

(38) v .Ibn Khaldun, op. Cit. II, pp. 263 sqq. Léon l'Africain, op.cit., p.113-114.

(39) Ibn Khaldun, op. Cit, II p. 271-272.

(40) Abd al-Aziz al Fashtali, op. Cit, p. 30; Mohamed al-Saghir al-wafrani, Nuzhat al- Hadi bi Akhbar Muluk al-Qarn al-Hadi, (Histoire de la dynastie saâdienne au Maroc, 1511. 1670) texte arabe publié par O. Houdas, Paris 1888, 2è. éd.Rabat, sans date, p. 85, la facilité avec laquelle Mohamed al-Chaykh a réprimé le refus des Imsmuden de la montagne à payer le kharaj, est déjà un signe de faiblesse de leur part. V H. Terrasse, Histoire du Maroc, Casa- blanca, 1949,t.II,pp.167, 174, 175; Istiqsâ, p.94-95.

(41) v;Ibn Idhari, al-Bayan al-Mughrib, t.III, éd. Ambrosio Huici Miranda, Tétouan 1963,pp. 243 sqq., Ibn Abi Zarâ, op. cit. v.p. 282.

(42) v. Ibn Idhari, al-Bayan, éd. A.H. Miranda pp. 167 sqq., 240, 264-265

(43) v. Henri Terrasse, Histoire du Maroc, Op. Cit, t, II pp.87, 97, 140, 148,149

(44) V. Ibn Khaldun, op, Cit,. II, p. 267-268 ; Ibn Qunfudh, Uns al-Faqir wa-âizz al-Haqir, éd. Adolphe Faure et Mohamed al Fasi, Rabat, 1965, p. 86-87; J.Berque, " Un docu- ment hagiographique..., " p.210.

(45) Les premiers groupes .des ces bédouins sont amenés au Maroc par les souverains Al- mohades Abd al-Mumin et yaqub al-Mansur, v. Ibn Idhari, al-Bayan, éd. A.H. Miranda, pp. 38,43, 76 ,88, 90, 97, 104, 170,188 ,208 et passim.

(46) op. Cit.pp. 96 sqq 113-114; v.aussi Marmol-Carvajal, L'Afrique de Marmol trad. Perrot d'Ablancourt, Paris 1867, Livre troisième p. 63, aJ-Fashtali, op Cit, pp.109-125

(47) v.Histoire du Maroc, (Collectif), Paris; 1967,p.184 ; 197; A.Laroui, L'Histoire du Maghrib.Paris 1970, p. 224.

(48) v.Al-wafrani; op. Cit,pp. 9 sqq; Nasiri, Istiqsâ , Casablanca 1955, t V, P 6 sqq Cf G Marçais, La Berbèrie musulmane et l'Orient au Moyen-Age, Paris, 1946 pp.201 sqq.

(49) v.Histoire du Maroc (Collectif), p.199 A.Bel, La Religion Musulmane en Berbère, Esquisse d'histoire et de Sociologie religieuses, Tome I Paris, 1938,pp.330 sqq., 341 sqq. 378-379 A. Laroui, op.Cit.pp.229 sqq.

(50) V.Mohamed Kably! " Musahama fi tarikh aJ-Tamhid li- Zuhuri Dawlat as-Saâ di y yin " dans Majallat kulliyat al-Adab wal-Ulum al-insaniya, n° 3-4, Rabat, 1978, pp. 7-59 id" Ummah, identité régionale et conflis politico-culturels : Cas du Maroc médiéval " dans studia islarnica, Ex fasciculo L VIIIO Paris, 1983, pp. 105 sqq; A.Bel, op.Cit, pp.354 sq, A.Laroui, op. Cit., p.225.

(51) v. par exemple Ibn al-Zayyat al- Taddili: al -Tashawwuf ila Rijâl al- Tasawwuf. éd. Ahmed Toufiq. Rabat 1984; Ibn Qunfudh, cité plus haut.

(52) un document Hagiologique..., p.210 (53) v.al-Wafrani, op, Cit, pp.3 sqq.

(54) Le choix de Marrakech comme capitale des saâdiens ne saurait être, en effet, étranger à leur volonté d'être proche de leur base initiale: le Souss, avec tous ses atouts: humains, religieux, économiques, etc...

(55) v. Montagne, Les Berbères et le Makhzen, Paris, 1930, pp. 34 sqq; J.Berque, Structures..., pp. 63 sqq 401 sqq.

(55 bis). O. Deverdun, Marrackech des origines à 1912, Rabat 1959, 1, texte, p.455,v.Rihlat al-wafid, éd SIDKI ALI, (polycopié) p.332;333; sur le Jihad et son importance à l'époque considérée. v.M. Hijji, al-Haraka al-Fikriya bi-al Magrib fi âahdi as- Saâdiyyint.l Fédala, 1977 pp.197-216.

(56) Son chef, Yahia Ibn Abd aI-Munâim, à la tête de son contingent constitué essentielle- ment de montagnards occupa Marrakech pendant un certain temps v. Istiqsà, t. VI pp. 32 sqq, 60 sqq.

(57) v.Istiqsâ, t. VI, pp.78 sqq; Mohamed aI-Mukhtâr aI-Sûsi, lligh Qadiman, Wa Hadi- tan, Rabat, 1966, 1 vol. 361 q.

(58) Istiqsâ, VI, p. 96 sqq. Mohamed Hijji al-Zawiya al Dilaiya Rabat, 1964, 1 vol, 300p

(59) v.Histoire du Maroc, (Collectif) pp. 235sqq 244, sq 259 sqq. ; Magali Morsy, les

Ahansala, Examen du rôle historique d'une famille maraboutique de l'Atlas marocain, Paris-Mouton, 1972 p.32 sqq

(60) v. Istiqsâ VI.PP.99 sqq (61) v. Istiqsâ VII.P.17 sq

(62) Voir la réponse des dilaïtes à la lettre de Mohamed aI-Chaykh ben Zaydan dans Is- tiqsâ, VI, p. 102; v.aussi Mohamed aI-Mukhtar aI-Susi. lligh, pp. 123 sqq., 268 sqq.

(63) Son armée est essentiellement composée de Abids esclaves noirs et de tribus arabes Guich, v. Histoire du Maroc, (Collectif) pp. 242 sqq.

(64) v.Histoire du Maroc, (Collectif) p.262

(65) v. Magali Morsy, Les Ahansala...,p. 30

(66) v. La Rihla du Marabout de Tasaft, trad. C. Justinard, 1 vol, 212 p. Paris, 1940

(67) v. Magali Morsy, Les Ahansala...p. 30

(68) v. R. Montagne, " Un Episode de la " Siba " berbère au XV111è siècle" dans Hespéris, Tome 28, année 1941, Fascicule Unique, p. 87; H. Terrasse, " A propos de la " Ri hia " du Marabout de Tasaft " in Revue Africaine, 1942 p. 60; id. mstoire du Maroc, II, p. 263

(69) v. Histoire du Maroc (Collectif), p. 243; H Terrasse, mstoire.., II, pp. 260 sqq.

(70) Ibid. p. 244; v. aussi Ch. -A. Julien, op; cit. II; p 240.

(71) Ibid, p. 242-243; v.aussi Ch.-A Julien, Op.Cit II.pp. 229 sqq.

(72) v. Istiqsâ. VII, pp. 61 sq, 66, 68,70, 78, sqq ch-A Julien, op. cit, II.pp. 231,240, l'article de M. Morsy sur My-Ismail in les Africains, Paris, 1977. T. IV. pp.131-163.

(73) Histoire du Maroc, (Collectif) ; p.243

(74) v. La carte établie par M. Morsy dans son article précédemment cité (n. 72) p. 136- 137.

(75) v. Istiqsâ, VII, pp. 46,49,50;68-69,90 sqq., 96.

(76) Des exemples très éloquents sur toutes ces pratiques se trouvent explicitement dans la Rihla de Tasaft, et dans les Berbères et le Makhzen de R. Montagne.

(77) Il est peut-être intéressant de rappeler que cette opposition ne constitue point un comportement spécifique d'une société donnée, mais plutôt une réaction objective répondant à un stade déterminé de l'évolution des communautés paysannes. A ce propos H. Lefebvre écrit ceci: " Comme toute réalité historique, la communauté paysanne s'est développée, raffermie, dissoute. Dans quelles conditions? Tel est le problème historique, pris dans toute son ampleur. Nous commençons à reconstituer cette histoire, à entrevoir par exemple les luttes acharnées, les combats menés par les communautés paysannes contre les forces extérieures, contre la féodalité au Moyen-Age, contre l'Etat centralisé par la suite...". " la communauté paysanne et ses problèmes historico-sociologiques ", dans Cahiers Internationaux de Sociologie, vol. VI, cahier double, 4è année 1949, p. 97.

Source : AmazighWord

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