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Carnets berbères et nord-africains
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6 janvier 2008

Une encyclopédie de l’Algérie en timbres-poste

Mémoire philatélique

Un carton en six volumes, superbement reliés, papier glacé et édition de luxe : c’est L’Encyclopédie du timbre-poste d’Algérie de son nom officiel, L’Encyclopédie philatélique pour aller vite.

Une œuvre imposante réalisée à l’initiative du ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication et dont El Watan vient de recevoir un exemplaire. Six beaux livres en un, d’excellente facture, augmentés d’une édition sur cd-rom et se déclinant en quatre langues : arabe, français, anglais et espagnol.

L’encyclopédie est riche d’une inestimable banque d’images, de photographies, de notices explicatives, le tout agrémenté d’un remarquable patrimoine philatélique couvrant la période 1962-2006. Cela se lit comme une œuvre globale allant de l’antiquité à l’actualité en brassant les périodes cruciales de notre histoire, en prenant subrepticement appui sur ce petit bout de papier qu’est le timbre.

« C’est un espace interactif où les faits rapportés suscitent et convoquent de nouveaux éléments qui renvoient à leur tour, par effet rétroactif, aux informations qui leur donnent leur raison d’exister. Jeu de miroirs par lequel le timbre-poste magnétise, en tant que noyau, toute la connaissance dont il est le contexte, dont il est l’éminent prétexte », peut-on lire dans la présentation.

Si l’Encyclopédie du timbre-poste d’Algérie est un inventaire exhaustif des émissions philatéliques à travers l’histoire, l’on aurait tort de la résumer à cela, car l’ouvrage tente en vérité d’embrasser toute la trame événementielle dont le timbre serait la captation, instantané subliminal d’un événement « stylisé ». Chacun des volumes s’ouvre sur une éphéméride de la période qu’il couvre. S’articulant ensuite autour des moments forts de chaque année, l’encyclopédie s’égrène en notes documentaires et autres articles didactiques. Et l’on se promène ainsi, dans un mouvement kaléidoscopique haut en couleur, d’une période à l’autre, en revenant à chaque fois au petit carré nimbé d’une image et saisissant instantanément l’esprit de toute une époque.

Le timbre-poste, ce petit objet d’apparence triviale destiné dans la pratique quotidienne à sceller une missive moyennant 10 ou 20 DA, et qui, depuis l’internet et le WAP, semble relégué au rayon des objets pittoresques, se révèle tout d’un coup d’une forte charge symbolique. Sans parler de la valeur artistique lorsque l’on se représente que les timbres vendus chez votre bureau de poste portent la griffe d’artistes émérites, les uns il est vrai moins connus que d’autres.

D’ailleurs, l’encyclopédie rend un hommage appuyé à tous ces dessinateurs de l’ombre qui ont prêté leur patte à cette œuvre prodigieuse. On peut ainsi déceler parmi la longue liste des artistes cités en biographie des noms comme Mohamed Racim, Ismaïl Samsom, Ali Khodja, Mohamed Oulhaci, Choukri Mesli, Mohamed Temmam ou encore l’immense M’hamed Issiakhem. A propos de ce dernier, il y a lieu de rappeler qu’un beau livre vient de lui être consacré, un livre qui s’attache à mettre justement la lumière sur l’œuvre graphique de l’artiste : affiches, billets de banques, dessins de presse et… timbres-poste.

Intitulé La face cachée de l’artiste, l’ouvrage est signé Nadira Laggoune-Aklouche et Boualem Hammouche. Il est dirigé par Djafar Inal, un ancien compagnon d’Issiakhem. L’encyclopédie nous permet fort à propos de revisiter, en partie, la face cachée de tous ces artistes de renom dont on connaît davantage l’œuvre plastique. Les thèmes parcourus sous l’impulsion de la mémoire philatélique rendent étonnamment compte de tout un panel d’événements marquants de notre histoire contemporaine, à l’image de cette estampe d’Issiakhem émise le 19 juillet 1969 et dédiée au 1er festival panafricain.

Des timbres au titre évocateur jalonnent l’encyclopédie, nous plongeant d’emblée dans la rhétorique des années 1970 : Plan quadriennal 1970-1973, Nouvelle organisation des domaines agricoles, la tawra ziraîya ou encore cette série de timbres typiques des années islahate (réformes) sous Chadli : Autonomie de l’entreprise publique, Promotion de l’épargne... Plus près de nous, ce timbre émis le 19 février 2003 et célébrant l’année de l’Algérie en France. A leur manière donc, les timbres-poste racontent le monde, disent le temps qui se cristallise en immortalisant bout à bout des pans entiers de notre Algérie éphémère.

Mustapha Benfodil
Publié dans El Watan du 04/09/2007

Voir aussi: L'encyclopédie sur l'Algérie
 

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