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Carnets berbères et nord-africains
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2 mars 2008

Traduction d’ouvrages en tamazight, un déficit à combler

Depuis l’introduction de la langue berbère dans le système éducatif, le besoin en textes universels et variés sur les autres cultures se fait sentir de plus en plus, affirment les spécialistes.

Deux journées d’étude portant sur la traduction et l’adaptation des œuvres littéraires vers le tamazight ont été organisées les 29 et 30 décembre 2007 à la maison de la culture Mouloud Mammeri. Initiée par l’association des enseignants de tamazight de la wilaya de Tizi Ouzou en collaboration avec le HCA et la direction locale de la culture, cette rencontre a été mise à profit par les participants pour débattre des difficultés inhérentes à la traduction et à l’adaptation d’ouvrages édités à travers le monde vers la langue berbère.

« La traduction reste l’unique moyen permettant l’intercompréhension entre les différentes langues et cultures. Durant les trois dernières décennies, plusieurs essais de traduction ont vu le jour. Ces tentatives étaient individuelles, éparses, ne répondant à aucun objectif précis et global, comme elles se sont faites dans des cadres non structurés. Depuis l’introduction de tamazight dans le système éducatif algérien, le besoin en textes universels et variés permettant l’ouverture sur les autres cultures se fait sentir de plus en plus », a indiqué le président de l’association des enseignants de tamazight de la wilaya de Tizi Ouzou à l’ouverture de ce colloque. Premier à intervenir dans les communications, Sadeg El Madjid, enseignant au département de la langue et culture amazighes de l’université Mouloud Mammeri, a mis en relief le déficit signalé actuellement en matière d’ouvrages pédagogiques pour l’enseignement et l’apprentissage du tamazight. « Jusqu’à présent, nous n’avons que des lexiques mais pas de dictionnaires », a-t-il déploré. Selon lui, la traduction et l’adaptation des œuvres vers le tamazight est un travail d’équipe qui demande une recherche permanente.

Lui succédant, M. Aziri, linguiste et sous-directeur au HCA, s’est intéressé à la traduction littéraire en tamazight en prenant comme exemple le roman Le fils du pauvre de Mouloud Feraoun réécrit en kabyle par Ould Taleb Moussa. Le conférencier n’a pas manqué de relever les lacunes qui ont émaillé cette traduction telles que l’omission du chapitre I et le rajout de certains passages qui n’existent pas dans le texte original. « Il n’y a pas de traducteurs professionnels en tamazight. Si nous voulons que notre culture s’arrime à la culture universelle, il faudrait traduire sérieusement en conjuguant nos efforts. » Pour ce faire, il propose la mise en place d’une instance dotée d’un budget qui aura à s’occuper de la traduction. « C’est l’une des voies qui permettent l’aménagement de la langue amazighe », dit-il.

Une autre communication ayant pour thème « Traduction, création et champs littéraires kabyle » a été présentée par Salhi Mohand Akli, enseignant au département de tamazight de l’université Mouloud Mammeri. Le conférencier a rendu hommage au dramaturge et poète Mohya Abdellah dit Mohend Uyahia, décédé en 2004 et qui a adapté plusieurs œuvres telles: En attendant Godot de Samuel Beckett, La jarre de Luigi Pirandello, Le médecin malgré lui et Tartuffe de Molière, Le ressuscité de l’écrivain chinois Luxus et Les émigrés du Polonais Slawomir Mrozek. En guise de reconnaissance au talent de cet homme de culture, l’association des enseignants de tamazight de Tizi Ouzou en collaboration avec le Haut Commissariat à l’amazighité (HCA) a lancé, à l’occasion de la tenue de ces journées, le prix littéraire Mohia Abdellah pour l’adaptation et la traduction.

Ahcène Tahraoui

Source: El Watan ( Edition du 2 janvier 2008 > Culture)


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